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Le quotidien d'une retraite ordinaire - Page 15

  • Chagrin d'amour

      Il n'y a pas d'âge pour aimer, il n'y a pas d'âge pour souffrir. Banalités, mais vérité.

      Maman marche à l'affectif. Elle a besoin qu'on l'aime et qu'on s'occupe d'elle. Elle a trouvé à l'EHPAD quelqu'un à aimer et nous avons trouvé ça super. Oui, mais Mr M. est malade, plus qu'elle et parfois, il ne sait plus bien qui elle est ou tout simplement, il a envie d'être seul. Et ça, maman ne le comprend pas malgré tout le temps que nous passons tous à l'EHPAD à lui expliquer que ce n'est pas contre elle, que ce n'est que la maladie, qu'il faut prendre les bons côtés et attendre que les mauvais moments passent. Mais elle aussi est malade.... A chaque fois elle prend ça comme une rupture et elle a mal. Elle pleure, beaucoup.

      En ce moment tout tourne autour de Mr M. Elle en viendrait presque à le "harceler" par trop d'attentions  Elle est contente de me voir mais pas trop longtemps....les sorties avec son arrière petit-fils, à la mer,les activités ou les spectacles proposés par la maison de retraite ne l'intéressent plus.

        J'ai de la peine à voir ainsi maman si malheureuse et j'ai peur aussi qu'avec peu de stimulations, elle ne baisse plus vite

     

  • Quelques heures au Grau du Roi

    WP_20150414_001.jpgÇa faisait quelque temps que j'avais envie d'aller voir la mer et comme les infirmières de l'EHPAD n'arrêtaient pas de me dire que ça ferait du bien à ma mère de sortir, j'étais contente d'emmener maman au Grau, surtout qu'il faisait super beau.

      Arrivée à la maison de retraite, je vois maman avec son ami Mr M. Je m'approche, dis bonjour et "tu viens, nous partons à la mer". Réponse refroidissante :"de toute façon, je n'ai pas le choix" ....

       Nous voilà parties quand même, mais maman est triste, à la limite des larmes. J'essaie de lui expliquer qu'on va déjeuner dehors, au resto, qu'on va voir la mer, qu'on va faire les boutiques, qu'elle devrait être contente... Mais rien n'y fait et elle me dit :"laisse-moi là" (en pleine campagne). Je me gare et hurle avant de piquer une crise de nerfs et de larmes.J'avais l'impression de couler, couler. Bien sûr, je panique maman et avec du mal, j'essaie de me calmer et comme j'avais dit à l'EHPAD que maman ne mangerait pas chez eux, je reprends ma route vers la mer, les yeux brouillés.

     WP_20150414_003.jpg Nous avons mangé des moules-frites, fait les boutiques (et quelques achats), là ça allait même si maman regardait sans arrêt sa montre et me répétait qu'il ne fallait pas qu'elle rentre tard ....Alors nous avons repris la route avec régulièrement son délire de persécution qui revenait à la surface. 

      Bilan de cette journée plus que mitigé. Le seul vrai point positif est qu'à notre retour le médecin, que j'avais demandé, est venu voir maman. J'ai pu le voir et expliquer la situation. J'espère qu'il va trouver un traitement pour la rendre moins dépressive et angoissée.

  • Je vous présente ma fille.

       Je vous présente ma grande fille, est la phrase que maman disait en direction des autres résidents, à chacune de mes visites. Au début, bêtement je lui répondais "Elles savent", mais finalement, me suis-je dis, si elle oublie qu'elle m'a déjà présentée, les autres ont oublié qui je suis. Alors, je souris....

       Fin février, lors d'une de mes visites, j'ai été officiellement informée que maman avait une relation très privilégiée avec le seul homme de son unité. J'avais déjà de forts doutes. Maman ne me téléphonais plus, me faisait comprendre que je ne devais pas m'incruster trop longtemps dans son monde et quand j'arrivais je les voyais ensemble ..... Bref, j'étais heureuse pour maman qui avait une raison de se lever le matin et pour moi qui pouvais respirer davantage.

        Oui mais voilà, comme pour la dernière fois où maman avait trouvé quelqu'un, le bonheur se transforme en angoisse .

      Alors que je profitais tranquillement de ma dernière journée chez mon fils, coup de fil de maman complètement paniquée suivi d'une discussion avec l'infirmière de garde : "Votre mère est en grande souffrance"

       Violent coup sur mes épaules déjà bien fragilisées.

      Et depuis ? Après rendez-vous avec psychologue et coordinateur de soins, si j'ai bien compris il y avait au sein de l'équipe ceux qui acceptaient la relation entre deux résidents et ceux qui voulaient les séparer .... Et cela n'a pas été tenté dans la dentelle ce qui fait que maman était en plein délire de persécution, angoissée, seule dans sa chambre à pleurer. Depuis les choses ont été mises au point : Ce sont des adultes, consentants et tant qu'il n'y a pas danger il faut les laisser vivre leur vie

       J'avais l'impression que ça allait bien mais je m'illusionnais