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Le quotidien d'une retraite ordinaire - Page 20

  • 1er décembre

    Vendredi, vers 18h, alors que ma mère était chez le kiné, je reçois un coup de téléphone de la maison de retraite de St Quentin : Une place est libérée pour maman. Nous devons réfléchir et donner notre réponse lundi après-midi .... J'attendais cette nouvelle, peut-être pas aussi vite mais mon estomac se serre et j'ai peur d'annoncer ça à ma mère.J’informe ma sœur et mon frère tout en sachant que c'est à moi de prendre la décision.

      A son retour, j'essaie de lui expliquer la situation. Pas de réelle réaction. Je pense qu'elle avait noté la chambre libre mais pas son entrée pour le mois prochain ...

       Lundi après-midi je donne une réponse affirmative à la directrice et nous convenons de la date d'entrée : le 1er décembre. Je commence à me pencher sérieusement sur le trousseau et m'aperçois que maman a des achats à faire. 3 semaines pour s'en occuper mais j'ai néanmoins une première valise à apporter la semaine prochaine pour qu'ils marquent une partie des vêtements qu'elle trouvera en arrivant. Je dois donc réaborder le sujet avec maman et là elle saisit et la soirée est délicate. Elle ne peut pas retenir qu'elle rentre dans moins de 3 semaines.Malheureusement je devrai encore en passer par là.

        Elle est triste et malheureuse. Et moi ? Moi je suis épuisée physiquement (j'ai dormi 3h sur le matin) et psychologiquement. Les pensées tournent sans cesse dans ma tête et les larmes sont prêtes à couler dès qu'on me parle.Je ne ressens pas vraiment de culpabilité, si ce n'est celle de n'avoir pas pu tenir davantage. Maman a peur de l'inconnu de la maison de retraite et moi de la solitude que je vais retrouver car elle occupait toute ma vie.

      Et puis je dois déménager et pour le moment mes recherches sont vaines, rien ! Ça aussi, ça m'angoisse.
     Comment vais-je sortir de tout ça ?

  • Rendez-vous avec le psychologue

      C’était la troisième fois que je rencontrais le psychologue pour les aidants. La première fois, j'ai pleuré pratiquement toute l'heure, ce coup-ci encore un peu sous le bénéfice de ma semaine avec mon fils, j'ai pu parler normalement.

      J'ai pu lui parler de mes journées, de mes recherches pour maman, des rangements que je fais et refais, des phrases que je répète, des soins que je lui donne, de ma vie qui m'échappe,de mes insomnies de plus en plus fréquentes, de mes activités que je ne peux mener à terme sans être souvent interrompue, de mes larmes que je contiens avec beaucoup de mal parfois, de mes énervements, de ma culpabilité, des cigarettes que je fume de plus en plus souvent, de ma boulimie, de mes kilos qui s'accumulent, de mes envies de rester couchée seule à la maison, de ma cyclothymie ....

      V__48C3.jpgJe résiste, grâce à mes enfants et mes petits-enfants, à ma sœur qui de temps en temps me remplace auprès de maman,à l'amour que je porte à ma mère, à mon chien qui m'oblige à sortir, à mes amies qui viennent me voir ou me reçoivent, à mes copines ici qui me soutiennent, aux gens de  France Alzheimer et au soleil.
       Le psy m'a dit que je dégageais une tension palpable et incroyable. Il WP_20141026_13_47_22_Pro[1].jpgm'a demandé de faire l'effort de me concentrer sur le présent et d'éviter de laisser aller ma pensée à tord et à travers. Il m'a également prévenue que j'aurai à me reconstruire quand maman sera rentrée en maison de retraite et que ça prendra sans doute du temps ....

  • Visite à la maison de retraite

       Ce jeudi, nous avions rendez-vous, maman et moi, avec la directrice de la future maison de retraite de maman, le médecin coordinateur, la psychologue et la responsable des soins. Le rendez-vous s'est très bien passé, maman a posé les quelques questions qui la taraudaient. La directrice est une femme très douce qui a bien expliqué le fonctionnement de la maison, nous l'a fait visiter.

       C'est un bâtiment tout neuf, entouré de verdure.Il est divisé en cinq unités, deux "fermées" (où maman sera placée) et trois "ouvertes". C'est assez sympa, avec patio, terrasse. Tout est clair.

      Ce qui a chagriné maman c'est de se rendre compte qu'elle ne pouvait pas apporter ses meubles. Nous avons négocié pour son fauteuil et son petit meuble.

      Ce qui m'a chagriné moi, c'est l'état de certaines résidentes. Peut-être que maman, habituée par ses journées d'accueil à fréquenter des personnes plus malades qu'elle, ne les a pas forcément remarquées.

      Il y en avait une qui n'arrêtait pas de chantonner, une autre répétait sans arrêt " dites moi, il va venir me chercher ? Quand il vient me chercher ? ", plus loin une autre malade tirait sans cesse la langue .... J'espère que maman trouvera des résidentes avec qui parler ...

      je sais qu'elle accepte de rentrer dans cette maison pour moi. Elle se rend compte que je vais mal et elle ne veut pas que je tombe malade. Elle continue malgré sa maladie à être la maman qu'elle a toujours été, elle pense au bien de ses enfants. Je me culpabilise de ne pouvoir la garder davantage. Ça ne va être facile pour elle. Il parait qu'il faut en moyenne un mois pour prendre ses marques et se sentir "bien"

      Pour le moment, cette visite et ce futur m'empêchent de m'endormir bien que la nuit soit déjà bien avancée .....