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maison de retraite

  • Je vous présente ma fille.

       Je vous présente ma grande fille, est la phrase que maman disait en direction des autres résidents, à chacune de mes visites. Au début, bêtement je lui répondais "Elles savent", mais finalement, me suis-je dis, si elle oublie qu'elle m'a déjà présentée, les autres ont oublié qui je suis. Alors, je souris....

       Fin février, lors d'une de mes visites, j'ai été officiellement informée que maman avait une relation très privilégiée avec le seul homme de son unité. J'avais déjà de forts doutes. Maman ne me téléphonais plus, me faisait comprendre que je ne devais pas m'incruster trop longtemps dans son monde et quand j'arrivais je les voyais ensemble ..... Bref, j'étais heureuse pour maman qui avait une raison de se lever le matin et pour moi qui pouvais respirer davantage.

        Oui mais voilà, comme pour la dernière fois où maman avait trouvé quelqu'un, le bonheur se transforme en angoisse .

      Alors que je profitais tranquillement de ma dernière journée chez mon fils, coup de fil de maman complètement paniquée suivi d'une discussion avec l'infirmière de garde : "Votre mère est en grande souffrance"

       Violent coup sur mes épaules déjà bien fragilisées.

      Et depuis ? Après rendez-vous avec psychologue et coordinateur de soins, si j'ai bien compris il y avait au sein de l'équipe ceux qui acceptaient la relation entre deux résidents et ceux qui voulaient les séparer .... Et cela n'a pas été tenté dans la dentelle ce qui fait que maman était en plein délire de persécution, angoissée, seule dans sa chambre à pleurer. Depuis les choses ont été mises au point : Ce sont des adultes, consentants et tant qu'il n'y a pas danger il faut les laisser vivre leur vie

       J'avais l'impression que ça allait bien mais je m'illusionnais

     

  • 1er décembre

    Vendredi, vers 18h, alors que ma mère était chez le kiné, je reçois un coup de téléphone de la maison de retraite de St Quentin : Une place est libérée pour maman. Nous devons réfléchir et donner notre réponse lundi après-midi .... J'attendais cette nouvelle, peut-être pas aussi vite mais mon estomac se serre et j'ai peur d'annoncer ça à ma mère.J’informe ma sœur et mon frère tout en sachant que c'est à moi de prendre la décision.

      A son retour, j'essaie de lui expliquer la situation. Pas de réelle réaction. Je pense qu'elle avait noté la chambre libre mais pas son entrée pour le mois prochain ...

       Lundi après-midi je donne une réponse affirmative à la directrice et nous convenons de la date d'entrée : le 1er décembre. Je commence à me pencher sérieusement sur le trousseau et m'aperçois que maman a des achats à faire. 3 semaines pour s'en occuper mais j'ai néanmoins une première valise à apporter la semaine prochaine pour qu'ils marquent une partie des vêtements qu'elle trouvera en arrivant. Je dois donc réaborder le sujet avec maman et là elle saisit et la soirée est délicate. Elle ne peut pas retenir qu'elle rentre dans moins de 3 semaines.Malheureusement je devrai encore en passer par là.

        Elle est triste et malheureuse. Et moi ? Moi je suis épuisée physiquement (j'ai dormi 3h sur le matin) et psychologiquement. Les pensées tournent sans cesse dans ma tête et les larmes sont prêtes à couler dès qu'on me parle.Je ne ressens pas vraiment de culpabilité, si ce n'est celle de n'avoir pas pu tenir davantage. Maman a peur de l'inconnu de la maison de retraite et moi de la solitude que je vais retrouver car elle occupait toute ma vie.

      Et puis je dois déménager et pour le moment mes recherches sont vaines, rien ! Ça aussi, ça m'angoisse.
     Comment vais-je sortir de tout ça ?

  • Visite à la maison de retraite

       Ce jeudi, nous avions rendez-vous, maman et moi, avec la directrice de la future maison de retraite de maman, le médecin coordinateur, la psychologue et la responsable des soins. Le rendez-vous s'est très bien passé, maman a posé les quelques questions qui la taraudaient. La directrice est une femme très douce qui a bien expliqué le fonctionnement de la maison, nous l'a fait visiter.

       C'est un bâtiment tout neuf, entouré de verdure.Il est divisé en cinq unités, deux "fermées" (où maman sera placée) et trois "ouvertes". C'est assez sympa, avec patio, terrasse. Tout est clair.

      Ce qui a chagriné maman c'est de se rendre compte qu'elle ne pouvait pas apporter ses meubles. Nous avons négocié pour son fauteuil et son petit meuble.

      Ce qui m'a chagriné moi, c'est l'état de certaines résidentes. Peut-être que maman, habituée par ses journées d'accueil à fréquenter des personnes plus malades qu'elle, ne les a pas forcément remarquées.

      Il y en avait une qui n'arrêtait pas de chantonner, une autre répétait sans arrêt " dites moi, il va venir me chercher ? Quand il vient me chercher ? ", plus loin une autre malade tirait sans cesse la langue .... J'espère que maman trouvera des résidentes avec qui parler ...

      je sais qu'elle accepte de rentrer dans cette maison pour moi. Elle se rend compte que je vais mal et elle ne veut pas que je tombe malade. Elle continue malgré sa maladie à être la maman qu'elle a toujours été, elle pense au bien de ses enfants. Je me culpabilise de ne pouvoir la garder davantage. Ça ne va être facile pour elle. Il parait qu'il faut en moyenne un mois pour prendre ses marques et se sentir "bien"

      Pour le moment, cette visite et ce futur m'empêchent de m'endormir bien que la nuit soit déjà bien avancée .....