Je vous présente ma grande fille, est la phrase que maman disait en direction des autres résidents, à chacune de mes visites. Au début, bêtement je lui répondais "Elles savent", mais finalement, me suis-je dis, si elle oublie qu'elle m'a déjà présentée, les autres ont oublié qui je suis. Alors, je souris....
Fin février, lors d'une de mes visites, j'ai été officiellement informée que maman avait une relation très privilégiée avec le seul homme de son unité. J'avais déjà de forts doutes. Maman ne me téléphonais plus, me faisait comprendre que je ne devais pas m'incruster trop longtemps dans son monde et quand j'arrivais je les voyais ensemble ..... Bref, j'étais heureuse pour maman qui avait une raison de se lever le matin et pour moi qui pouvais respirer davantage.
Oui mais voilà, comme pour la dernière fois où maman avait trouvé quelqu'un, le bonheur se transforme en angoisse .
Alors que je profitais tranquillement de ma dernière journée chez mon fils, coup de fil de maman complètement paniquée suivi d'une discussion avec l'infirmière de garde : "Votre mère est en grande souffrance"
Violent coup sur mes épaules déjà bien fragilisées.
Et depuis ? Après rendez-vous avec psychologue et coordinateur de soins, si j'ai bien compris il y avait au sein de l'équipe ceux qui acceptaient la relation entre deux résidents et ceux qui voulaient les séparer .... Et cela n'a pas été tenté dans la dentelle ce qui fait que maman était en plein délire de persécution, angoissée, seule dans sa chambre à pleurer. Depuis les choses ont été mises au point : Ce sont des adultes, consentants et tant qu'il n'y a pas danger il faut les laisser vivre leur vie
J'avais l'impression que ça allait bien mais je m'illusionnais