"Madame, vu la tumeur qu'on vous a extraite, il vaudrait mieux qu'on vous retire le sein"
Phrase terrible, s'il en est. Second coup de massue !
Quand mon amie m'a répété ce que le médecin lui avait recommandé, pour moi cela ne faisait aucun doute, elle devait accepter. Dans mes certitudes d'ancienne malade, dans ma trouille tapie quelque part depuis mon propre cancer, il ne fallait pas hésiter.
Et pourtant ce n'est pas rien. Retirer un sein, c'est toucher à sa propre image, à son intégrité physique. Et quand je me rappelle le mal que j'avais à me reconnaitre quand la chimio m'a fait perdre mes cheveux, que je ne pouvais m'empêcher de me regarder dans chaque vitre, chaque glace sur mon chemin et que je souffais de cette image qui n'était plus mienne. Et je savais que ça allait repousser. Tandis que ça, tu dois le vivre comme une véritable mutilation.Il faut que ça vaille vraiment le coup. Une question de vie ou de mort !
Est-ce vraiment le cas ,Si on ne lui retire pas le sein, elle a 5% de "chance" d'avoir une récidive, mais n'est ce pas ce qui m'attend aussi ? Même si c'est 5% de plus que les autres atteints de cette même saleté, est-ce qu'il faut accepter pour 10% ? Je ne sais plus .
Si elle accepte qu'on lui retire ce sein, cela ne signifie pas non plus qu'elle sera définitivement guérie. Principe de précaution qu'ils disent.N'est-ce pas un peu cher payé ? Je ne sais pas.
Garder son sein, courage ? inconscience ? Je ne sais pas.
Je ne cherche plus à la convaincre. Mais si elle décide de le garder, il lui faudra bien du courage pour contrer sa peur. On n'a plus jamais l'esprit vraiment tranquille après ce coup sur la tête qu'est l'annonce d'un cancer. Elle aura en plus à gérer cette question "Ai-je bien fait ?"
Mais c'est son corps, c'est sa vie. Qu'elle fasse comme elle le sent , mais en croyant vraiment en sa guérison.
Et, nous sommes là.